Polarités; Complémentarité et Trinité
-« La Femme fleurit au cœur de l’homme, comme la vie dans le ventre de celle-ci… Comme des fleurs nées sur la pierre… »
Creirwy Arianrod du Nord. Alias Flidais-Airmeith
Quel vaste sujet… et comme dans le druidisme surgit partout le nombre 3… Il y a bien polarité, comme dans toutes les traditions du peuple humain de la Terre. Évidemment, il est différemment quelque peu dépendant du fait d’où les enfants de ce peuple terrien à ses racines. La Mère à plusieurs timbres de voix et plusieurs chants, selon ses nombreux visages et régions. Les blanches et glaciales contrées nordiques n’auront pas toujours le même exact chant que les contrée d’un désert… Mais comme nous sommes tous humains, les réflexions profondes, les constats, sont tous assez cousins, où se retrouvent de manière parfois flagrante ou parfois fugace, dans toutes les traditions et tout les mythes. Nous sommes tous humains : on ne s’en sort pas! Sans prétention, je vais tenter donc d’ouvrir une porte sur les détails qui différencient le concept de polarité dans le druidisme, d’autres traditions. Différences parfois minces, parfois des fossés.
Tout d’abord, le druidisme d’aujourd’hui est pour beaucoup, un retour à la Nature et à un équilibre sain. Qui implique de reconnaître à nouveau le féminin ET le masculin. C’est de déterré le visage féminin sacré de la Nature. La Nature en tant que Mère de toute vie, mais aussi le coté féminin sacré dans chaque être. Donc c’est aussi plonger dans sa propre nature humaine pour plonger dans le chaudron à la recherche de sa facette féminine. Après des années et des années à garder silence et à être maltraitée, maudite et négligée, cette part de femme en chacun est invitée à sortir de sa tanière où qu’elle se soit tapie. Qu’un homme se donne le droit de pleurer ou l’apprenne, qu’une femme apprenne et réapprenne à s’écouter. (Et ce ne sont là que quelques menus exemple.) Que le féminin s’élève à nouveau, qu’il s’assume. Non pas qu’il supplante le masculin! Mais je parlais bien d’équilibre tout à l’heure et je le rappelle à nouveau. Je veux être bien claire sur ce point. Il est évident qu’il se trouve des différences entre le masculin et le féminin, mais seul l’homme a creuser un terrible fossé entre eux, et les as désunis de manière à ce que l’humanité soit blessée et confuse, tellement profondément! Déséquilibre, né de tant de choses, qui pourrait éventuellement faire matière à un autre article. Il y a différences, qui sont richesses et qui provoquent la parfaite complémentarité. Cette complémentarité qui permet au-delà de la polarité, une autre forme de trinité. Par autre forme j’entends autre forme que celle fortement véhiculée par le christianisme ( père/fils/saint-esprit) stérile si on regarde de plus près d’un certain angle et où il est impossible pour l’être humain de se reconnaître, et aussi par celles nombreuses, des déités celto-druidique, plus particulièrement les triples Déesses. Déesses aux multiples facettes, noms et talents pour un seul visage.
Celle engendrée – et le mot est juste- par la polarité dans le cadre du druidisme, est cette dernière : Père/Mère/Enfant. Que ce soit chez les dieux où les hommes, que ce soit les facettes intérieures de chaque être humain. C’est une polarité qui donne la Vie sacrée. Celle qui permet aux cercles et aux cycles de naîtrent. C’est de cette trinité harmonieuse et sereine qu’évoque le druidisme. Il y a bien sur la polarité, mais elle est dépassée et glisse vers l’unité puis vers la trinité.
On peut y voir l’âme/féminin : intuition, sensibilité, cercles et courbes, esprit/masculin : pensée, raison, ligne droite, ( L’image du cercle et de la ligne droite est d’ailleurs intéressante.) et l’enfant/corps, ce qui est ce qui doit grandir, évoluer et s’épanouir! Le corps, cet enfant de la terre, de nos parents, de nos propres âmes et esprits, que nous devons aider à grandir, à avancer et à s’épanouir de vie en vie de voyage en voyage quelque soit sa forme.
C’est une image, une idée. Une ébauche, un début de réflexion semeuse d’idées. Avec les polarités, les possibilités sont grandes, et jamais stériles… Comment pourrait-il en être autrement avec féminin et masculin unis?
Lunaire et Solaire
Hommes solaires et femmes lunaires… Comment ne pas observer ce phénomène qui relie si étroitement les femmes à la Lune? Il se trouve également tant de mythes qui font de l’astre du jour, le Père ou Dieu solaire; qu’il soit l’époux de la Lune à qui il offre sa lumière, ou la Terre avec laquelle il danse au fil des saisons. (Qu’on se rappelle Lugh et Bélénos.) Il existe aussi pourtant des dieux lunaires et des déesses solaires. Rien n’est figé ou acquis, tout est mouvance, vie et danse. C’est infini, c’est le cycle éternel du cercle. Il existe ainsi des femmes solaires et des hommes lunaires.
On pourrait même dire qu’on porte les deux en soi, tous un et chacun. C’est une autre manière de voir les polarités, en se référant au plus grand livre du druidisme : la Nature elle-même. On ne réinvente rien, elle est, à été et sera toujours là. On porte donc les deux en soi, et l’un des deux prédominent souvent. Parfois tellement fortement que l’on a des femmes plutôt solaires, où des hommes plutôt lunaires. Il y a en chacun de nous une prédominance du solaire ou du lunaire. On peut être parfois l’un et parfois l’autre, mais en toile de fond il y a cette part qui est plus en évidence. Il est aussi parfois intéressant de noter à quel point on peut-être attiré par une solaire si, par exemple nous sommes lunaire.
Pour la Lune femme c’est si évident, qu’on en oublie parfois qu’on peut-être femme Soleil. Tout comme c’est facile d’associer l’homme au soleil et la femme à la Lune. C’est intéressant de se poser la question à savoir nous sommes davantage lequel, ainsi que de le faire en observant notre entourage. Un exercice simple et révélateur des natures et d’idées parfois négligées. Il y a une vague de fond, une toile de fond, une énergie prédominante et une force comme un courant tellurique au fond de notre âme : cette partie brute de soi si on peut dire. Elle agit sur le directe, le concret, les « acquis » les fondements de la personnalité. Il y a celle, l’autre, plus subtile, qui complète et achève de définir et affiner notre être, par nos préférences, ce qui est plus fluide et changeant, qui accepte de s’adapter et de suivre les courants de la Vie et du destin. Le tout demeure très personnel et pour trouver le ton de son lunaire et son solaire, il faut tenir compte de sa nature, de ses héritages, de notre histoire et doser le tout et peser le tout. En chaque être existe une profondeur et une surface ( pas une surface vue comme superficielle, mais comme la terre; elle a ses profondeurs insondables et sa surface offertes à tous).
Tout cela peut paraître complexe et inutile, mais pourtant c’est intéressant de plonger dans les symboles des archétypes sexués qui nous appellent, nous rappellent. Des repaires, des idées des ancêtres ayant marchés avant nous qu’il est intéressant voir vital de redécouvrir sous les poussières lourdes de notre inconscience quasi collective. Un petit détour parmi tant d’autre pour se relier à soi, à l’autre aux autres. Regarder et découvrir qui on est, se trouner vers les autres et voir qui ils sont. Ouvrir ses yeux, son cœur et ses horizons.
Les dieux et déesses celtes, sont sexués et ont des natures prédominantes et assument le tout. On ne trouve pas parmi eux d’ange asexué ou pas plus que de vierge soumise à un accouchement sans épousailles à tout les niveaux. Il n’y a ni peur ni honte d’être ce que l’on est pour vu qu’on le sache et l’assume. Il n’y a pas de mal à se définir pour mieux s’unir. Il y a de franche passions dévorantes et des unions harmonieuses et complètes. Que le Il et le Elle soit fertile en nous, ou vers l’extérieur et l’autre, c’est encore et toujours la source de la Vie et de l’Amour. Ce sont les bases de l’amour et de la Vie. Polarités, facette…
*Syd Merle au cœur( je dis au cœur comme d’autres diraient à la tête) de l’ODET à dit : « L'intérêt dans notre tradition, à mes yeux, c'est que la notion de féminin et masculin est très saine, il ne s'agit pas de scléroser chacun dans un rôle ou de porter un jugement mais de comprendre que ce qui bouge le monde c'est un élan vital qui pousse les contraire à se rechercher et se rencontrer pour s'épouser (cela ne se limite pas aux rapports sexuels) . »
Exemples :
Lunaire; Introverti, apparente froideur, subtilité et discrétion, rayonnement intérieur, côté ténébreux, mystérieux. Discours silencieux, multiples facettes, énigmatique et magnétisant. La beauté dans l’ombre de la nuit noire. La lune reflète et retransmet la lumière du soleil la nuit. Lune qui régule les marées intérieures, lune intuitive et force tranquille… en apparence. Celle ou celui qui agit dans l’ombre. Ce sont des bras qui s’ouvrent sans un mot, sans un jugement; accueillante et silencieuse écoute. Lentement mais sûrement.
Solaire ; Extraverti, chaleureux, familier, éclatant, lumineux, attirant. Discours vibrant, livre ouvert. C’est l’effervescence, la lumière qui permet de voir et la force qui permet d’agir. Ces bras qui s’ouvrent avec chaleur et bons mots, prêts à remonter le moral à éclairer de nouvelles possibilités. Attrayant et festif, brûlant et passionné. Irradiant, on s’épanouit visiblement à son contact, son énergie est communicative. Il est l’action et la lumière à cœur de jour. Beaucoup de prestance.
Donc, on peut aussi parler de Le Lune et La Soleil. Dans les mythes, contes et légendes celto-druidiques, on retrouve beaucoup les deux angles. C’est visible dans le récit de Tristan et Iseult. Dans la légende arthurienne, Morgane est tellement lunaire, et Guenièvre si solaire! Lancelot lunaire et Arthur aussi, sous des dehors solaires. Dans les légendes irlandaises, Cùchulainn est un héros solaire, qui rencontre beaucoup de femmes en apparence lunaire mais au fond solaire. Nous pourrions aussi citer Galahad et Gawain, des héros solaires en quête du Féminin.
La Déesse Brighid patronne des forges ( et de la poésies et de la guérison) avec son blanc feu, sa souveraine présence, est une reine solaire portant en elle la luminosité sacré de son feu vers son alter ego masculin. Boann dame fleuve, si lunaire… Dana-Anu si feu du foyer, doré et doux, chaleureux, fécond. Cerridwen, Cernunnos, Lyrr et Ogmios si lunaires. Rhiannon sous des apparences lunaires, et évidemment Lugh, si solaires. Ce ne sont là que des exemples observés.
Tout ces exemples illustres à quel point, chez les celtes, les genres se confondent et se meuvent et de complètent. La femme avait une place égale à celle de l’homme. L’un et l’autre se complétaient et se succédaient et basculaient l’un dans l’autre, et à l’intérieur de chacun. C’est sans complexe que l’on retrouve des exemple d’homme lunaire et de femme solaire chez les celtes.
De l’obscur au clair : cycles et symbolisme
Le jour et la nuit… la polarité trinitaire, le couple soli-lunaire et maintenant retour à la polarité avec le jour et la nuit. L’obscur et la lumière. Les trois sujets sont si étroitement liés! Ils se retrouvent si bien au quotidien et au fil des saisons et des cycles dans la Nature. Le jour et la nuit se poursuivent jour après jour, nuit après nuit éternellement. Si il y a un amour éternel c’est celui-là.
L’obscurité, relié au ventre de la mère femme, ou celui de la Mère terre où l’on retourne tous à celle qui nous nourrit tous. La lune noire, la grande nuit de l’hiver, le noirceur mère de toutes le couleurs et de toute vie.
La lumière, le jour le fils solaire ou l’amant complice et roi solaire. Le Père solaire, celui qui est le complice de la mère dans la jaillissement de la Vie. Père fertile et chaleureux qui traverse chaque jour pour nous éclairer et nous donner sa chaleur.
Père chasseur de la tribu qui part chaque matin travailler et chercher la pitance pour la tribu, revenant le soir au foyer. Mère Lune qui veille sur ses enfants la nuit quand le Père se repose. Mère Terre qui prend soin de ses enfants tout le jour sans jamais se fatiguer.
Mère terre brune, noire recevant les rayons du Père soleil sur son corps et en son corps jusqu’au cœur, où elle est rouge et feu elle-même.
Les rites lunaire, les rites solaires qui sculptent, ponctuent et rythment les années qui passent sans revenir. Points de repaires qui eux ressurgissent au cœur des saisons années après années, indéfectibles rendez-vous de la Nature. Humeurs et couleur de la Nature. Magie de la Nature.
Noir d’où émerge la lumière, la Vie… Noirs ténèbres où bascule la lumière, la Vie. Noir du commencement et lumière du début.
Jour et nuit, complémentaire, comme elle et lui et Elle et lui… Comme obscurité et clarté. Succession, cycles, passage ; autant de danses qui leur permettent de se retrouver de s’unir et qui nous permettent la même chose. En nous, avec l’autre et les autres.
Obscur au clair basculant éternellement l’un vers l’autre et l’un dans l’autre. Complicité éternelle féconde et fertile, d’Amour et de Vie.
Le jour et la nuit, les polarités qui régissent le quotidien; les parents de l’enfant temps.
Par Creirwy Arianrod du Nord, pour : « Polarités » Solstice d’Été 2005, le Numéro 4 de Racines ::: Webzine.
mercredi 19 mai 2010
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