mardi 8 juin 2010

Séléné; mythologie lunaire


Filiation et apparence
Déesse grecque, fille des Titans Hypérion et Théia, et sœur d’Hélios le Soleil et d’Éos l’Aurore. Pour sa part, elle est déesse de la Lune, et en particulier de la Pleine Lune. En effet, elle est particulièrement associée à cette phase de la Lune. Car elle fait partie d’une trinité qui est la suivante : Artémis (croissant de Lune), Séléné (Pleine Lune) et Hécate (nouvelle Lune). Elle est cependant l’essence même de la Lune et sa plus pure représentation. Elle est l’astre lui-même, et pour les romains, elle sera connu sous le nom simpliste de Luna. Fait intéressant, selon l’Hymne homérique à Hélios, elle serait la fille d’Hélios et d’Euryphaessa. Cependant, les sources qui causent de cette filiation sont beaucoup moins nombreuses, et moins connues. Elles ont pourraient-on dire, une importance poétique et une richesse de liens et de symboles, sans guère plus. Il est intéressant de noter qu’elle est considérée comme une déesse archaïque.

En effet, Hélios et Séléné sont des déités préolympiques. Quand Hélios terminait sa balade dans le ciel, sa sœur Séléné prenait le relais, quittant le royaume d’Océanus, territoire aqueux qui ceinturait le monde, l’entourant. Alors que la nuit arrivait, la déesse quittait donc ce royaume des eaux, pour regagner le ciel. Commençait alors le voyage de Séléné au travers les étoiles.

Une autre filiation qui trouve son origine et son explication dans l’époque où s’installa le règne de la toute-puissante Artémis, est la suivante : Séléné serait tout comme Artémis, fille de Zeus. Il s’agit là d’une récupération opérée pour mettre les deux déesses au même niveau. À cette même époque, on en a aussi fait la fille du titan Pallas. La référence la plus facile à trouver à ce sujet, étant une ligne dans l’œuvre homérique ‘’Hymne à Hermès’’ et son insistance patrilinéaire caractéristique qui va comme suit : ‘’ Brillante Séléné, fille du seigneur Pallas, fils de Megamedes.’’

Quand la déesse Artémis a pris beaucoup plus de place et d’importance, on a porter atteinte au mythe original de Séléné; à la fois pour la confiner en bonne seconde et ombre lunaire d’Artémis, et à la fois pour conserver sa précieuse antique et incontournable présence. On a donc un peu écorché son mythe très ancien et original à la fois pour son bénéfice et à son détriment. Heureusement, on peut remonter à ses origines, car c’est une déesse antique qui a laissé sa trace bien claire et nette. On a donc incorporée Séléné dans les mythes devenus plus importants, concernant la belle déesse Artémis; à la fois pour la conserver, et pour en faire une parente de pâle figure.

Elle est plus souvent qu’autrement décrite, comme une très jolie femme au visage d’une blancheur étincelante, portant des tenues longues, fluides, blanches et argentées. Sa tête ornée d’un croissant de lune couché sur le dos. Parfois, elle est décrite ayant des ailes blanches dans son dos. On dit d’elle qu’il lui arrive de porter une torche dans sa main droite, et qu’elle voyage dans la vastitude du ciel stellaire, dans un char en argent, tiré par deux chevaux d’une blancheur immaculée. On dit aussi qu’après ses baignades dans l’océan, elle aime faire des courses dans le ciel; un char d’argent tiré par des chevaux blancs, mais parfois par des bœufs blancs ou des dragons à l’apparence serpentine. Luisant d’une lumière argentée, on dit aussi qu’il est possible de la voir se balader parmi les étoiles, montant un étalon blanc ou un taureau blanc, renvoyant sa douce lumière laiteuse en complicité avec son frère Hélios, sur la Terre et ses enfants endormis.

Son nom est associé à celui d’une pierre, mais aussi à l’élément chimique nommé Selenium, ainsi qu’à la sélénologie qui constitue l’étude de la géologie de la Lune. Son nom tant qu’à lui, dériverait d’un mot qui signifierait ‘’brillance’’ et on fait parfois le lien avec un terme grec désignant les ‘’lumières du nord’’ les aurores boréales. Il ne serait pas impossible que le nom de cette belle déesse soit aussi lié à ce phénomène naturel des cieux.

Mythe
Le mythe de Séléné est un mythe ancien, qui date d’avant même le panthéon Olympique. Ce qui fit qu’éventuellement, elle fut supplantée par la présence d’Artémis, et dans la mythologie romaine, ce fut le cas aussi avec Luna qui fut peu à peu remplacée par Diane. Apollonios de Rhodes (poète et grammairien grec, disciple de Callimaque de Cyrène et auteur de la longue épopée ‘’Les Argonautiques’’) se réfère à Séléné comme la fille des Titans qui tomba follement amoureuse d’un mortel, qui était chasseur ou berger. Dans la version de Pausanias il s’agissait d’un roi d’Élis (ou Éleia) nommé Endymion, d’Asie Mineure.

À l’instar de sa sœur Éos (Aurore) elle eut de nombreux amants (Pan, Zeus et Endomyon étant les plus importants) et fut une amoureuse sincère et une amante passionnée. Le dieu Pan tomba amoureux d’elle, et pour la séduire, lui offrit un troupeau de bœufs (et de vaches) blancs. Comme cela ne suffisait pas, il se changea en bélier à la toison d’un blanc immaculé et éclatant pour la séduire. Ce fut sous cet aspect qu’elle tomba sous son charme, et ensuite il gagna son amour et ses faveurs. Le dieu des bergers, des montagnes, de la chasse et de la musique rustique, fameux compagnons des nymphes, sut ainsi gagner le cœur de la belle déesse de la Lune. Selon Virgile, Pan lui offrit ses deux destriers tirant son chariot argent, en plus de la séduire en revêtant la plus blanche des peaux de bélier (et non pas en se changeant en bélier immaculé).

Elle fut aussi l’un des nombreuses conquêtes de Zeus, qui lui donnera deux filles; Pandia et Ersé (la Rosée). C’est lui qui lui offrira la magnifique toison blanche et étincelante, de laquelle elle est parfois vêtue. Et qui est associée à la gelée blanche givrée des froids premiers matins de printemps.

Son grand amour, et le plus marquant, fut cependant celui qu’elle nourrit pour Endymion avec lequel elle aura cinquante filles. Ultimement, elle le plongera dans un sommeil éternel pour qu’il conserve à jamais sa beauté, mais surtout qu’il ne meurt jamais (car il est simple mortel et elle ne peut imaginer vivre sans lui). Ne pouvant se résigner à vivre un jour sans lui, et à le voir mourir et disparaître à jamais, elle obtint pour lui de Zeus, une immortalité, et Endymion fut endormi pour l’éternité. (Parfois la demande émane du berger et amant de Séléné lui-même, et c’est elle qui lui a procuré cet état d’un commun accord. D’ailleurs, il est une version ancienne plausible, qui est sans doute la première, c'est-à-dire que son origine date d’avant l’arrivée de Zeus et d’une toute-puissance patriarcale. C’est que Séléné est une déesse très ancienne, et si son étoile a pâlit en un certain moment, elle n’en demeure pas moins une déesse archaïque qui fut plus que fort probablement dotée de pouvoirs puissants dont elle put elle-même user sans besoin d’un ancien amant, fut-il le dieu des dieux. J’aime personnellement beaucoup cette vision de son mythe, qui fait d’elle une déesse capable et indépendante, qui plongea elle-même avec amour son amant adoré dans un sommeil éternel qui le préservait de la mort, à jamais. Avec l’accord de ce dernier d’ailleurs, et sans perfidie, égoïsme ou vicissitude.) Séléné venait le voir régulièrement dans une grotte du Mont Latmos en Carie, lors de son passage dans le ciel, et le caressait de ses rayons d’argent, le baignant de sa tendre lumière laiteuse. Une légende raconte aussi que lors de la présence d’Hécate dans le ciel, elle en profitait pour s’éclipser du ciel pour se glisser physiquement aux côtés de son amant plongé dans le sommeil éternel. Une autre légende raconte qu’à chaque nouvelle lune Séléné se cachait pour ne pas être mangée par un dragon terrible. On effectuait dans le but d’éviter ce désastre, de nombreux rituels. Mais pour l’explication de son ‘’départ du ciel’’ à chaque lune nouvelle ou noire, je préfère celle du retour mensuel d’Hécate souveraine et de Séléné allant rejoindre Endymion…

Cicéron (dans Tusculanae Disputationes) atteste lui-même que la version du mythe où Séléné demande à Zeus de procurer à son amant le sommeil éternel, est révélateur de la transformation d’un mythe archaïque pour le transformer à la faveur de la mythologie de l’ère Olympique, très patriarcal qui récupéra nombre de mythes pour les changer et incorporer à saveurs plus patriarcales. Cicéron reconnaissait ainsi, que la déesse devait en fait avoir au départ, user de son pouvoir de manière autonome , et qu’Endymion n’est pas sa pauvre victime passive de femme perfide et égoïste, mais un amoureux mortel consentant. Il aurait lui-même accepté ce sort, pour ne jamais perdre la vie, sachant surtout que sa divine amante allait le rejoindre le plus souvent que possible. Car il est aussi dit qu’elle le caressait toutes les nuits, et allait le voir régulièrement.

Elle eut d’Endymion cinquante filles; les Ménae, incluant naxos, la nymphe gameuse qui donna son nom à l’île de Naxos. Le sanctuaire d’Endymion au Mont Latmos existe encore; il conserve sa forme de fer à cheval, avec un hall muni de piliers.
Pandia, la fille qu’elle eut de Zeus et ton le nom signifie ‘’éclatante brillance’’ et elle est l’incarnation de la brillance. Comme telle, sa beauté était renommé parmi les dieux eux-mêmes. Elle était pourvue de par sa mère, d’une sœur (avec Zeus) et de cinquante sœurs, les Ménae. Mais aussi (par son père) d’un frère monstrueux; le Lion de Némée, tué par Hercule (Héraclès). Une légende dit que parfois, Séléné offrait ou cédait sa place dans le ciel, à sa radieuse fille Pandia, lors de la pleine Lune. Peut-être à cette occasion, allait-elle rejoindre Enymion le bel endormi?

À noter ; les Ménae sont les déesses des phases de la Lune. Les filles de Séléné et Endymion présidaient aux cinquante mois du calendrier lunaire qu’utilisaient les grecs pour mesurer le temps. (Parmi les Menae on peut nommer Nemea, Mesomene, Meniskos et Mene. Celles qui correspondent aux phases les plus connues de la Lune, qui demeurent actuelles encore aujourd’hui.)

Peuple de la Lune
Les Sélénites ou Séléniens sont les habitants de la Lune. Leur existence a été soupçonnée à plusieurs reprises, par plusieurs cultures à travers les âges, les époques et les temps. Ils ont bien sûr hérité leur nom, de celui de la déesse Séléné. Ils sont évoqués au IIe siècle, par Lucien de Samosate dans ce qui est considéré comme le premier écrit de science-fiction : l’Histoire Véritable : ‘’Une alliance est faite entre les Héliotes et leurs alliés, les Sélénites et leurs alliés, à conditions que les Héliotes raseront la muraille d’interception et ne feront plus d’irruption dans la Lune.’’ On les retrouve présents ensuite, dans plusieurs légendes, œuvres littéraires, et même, cinématographiques. Ils sont décrits comme des êtres graciles, aux mouvements fluides et aux physionomies délicates. Arborant un teint pâle et des tenues blanches, argents et jouant de transparence voilée. Beaucoup leur apparente les fées, lutins, nymphes et autres créatures fantastiques, élémentales et mythologiques.

Conclusion
Séléné n’est pas une déesse vierge, c’est une mère et une amante Lunaire. Les cinquante filles qu’elle eues avec Endymion sont le symbole d’une union longue et heureuse. Le sommeil de son amant, suppose qu’elle le protège à jamais, amoureusement. C’est une déesse très anciennes, aux racines profondes et c’est une déesse forte et douce à la fois. Assumée, séductrice et libre, mais capable de fidélité, de grand amour, d’engagement et de sentiments profonds. C’est une déesse de la Lune parmi les plus anciennes, une déesse puissante, douce, maternelle, séductrice et magicienne. Une amante libre et assumée, une amoureuse engagée et aimante. Une beauté éthérée et sensuelle, une déesse inspirante en somme!

9 commentaires:

  1. Je trouve ton récit merveilleux. J'adore complètement la Lune, et Séléné dépasse pour moi et de loin Artemis. Dans la conclusion, je trouve que les qualificatif utilisé sont tres représentatifs de ma propre definition de la déesse. Grace a toi j'ai appris de nouvelle chose, notamment sur les Séléniens !
    C'est magnifique, merci !! :)

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  2. je trouve que c'est très bien écrit bravo c'est très agréable.MERCI !!!

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  3. Bien écrit mais un peu long merci encore.

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  4. Bonjour Anonyme! Merci du passage. Pour le reste, pour la longueur c'est chacun ses goûts!

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  5. Oh! Anonyme no 1 merci beaucoup c'est très gentil. Merci du passage ici.:)

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  6. je suis d'accord avec ton recit séléné est une déesse independante,douce,sage,maternelle,fidéle et sensuelle. capable d'aimer profondément pour moi elle est bien mieux qu'artemis ou hecate c'est une déesse la plus belle de toute et la plus brillante!

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  7. Merci pour les explications.
    J'ai cherché partout cet déesse avec la lune pour comprendre l'évocation dans le château de Vauboyen à Bièvres, exactamente qui était créé pour un femme (maîtresse) aimant que pour amour peut devenir fidèle.

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  8. C'est un très bon livre, on m'a dit que Séléné s'est éteinte avec une histore affreusement triste, et j'aimerais savoir quoi.

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