jeudi 10 juin 2010

Création du jour et de la nuit (Afrique)


Mythes et Légendes du Monde Entier, Éditions de Lodi

La création du jour et de la nuit; le mythe de la chauve-souris
De nombreuses histoires évoquent la création de la nuit. L’une d’elles vient du peuple kono en Sierra Leone, et raconte comment le créateur a, le jour, apporté la lumière du soleil, et au crépuscule, celle de la Lune, pour qu’il ne fasse jamais noir et jamais froid. La divinité demanda à la chauve-souris d’apporter un panier de ténèbres à la Lune, mais, fatiguée, la chauve-souris posa son fardeau pour se reposer et manger. Pendant ce temps, des animaux découvrirent le panier et l’ouvrirent, ce qui permit à l’obscurité de s’échapper. Depuis ce jour, la chauve-souris dort le jour et se réveille au crépuscule pour poursuivre son éternel voyage, en quête de l’obscurité enfuie, et essayer vainement de la remettre dans son panier pour accomplir la mission que lui avait confiée la divinité.
Dans le panthéon des dieux yorubas, Olorun, la divinité suprême, est le créateur de l’univers à qui l’on doit le jour et la nuit. Cet être suprême apparaît également dans la séparation du jour et de la nuit chez les Abaloyias au Kenya : Wele, le dieu créateur met le soleil et la Lune dans le ciel. Mais le soleil lutte contre la Lune et la détrône : la Lune fait alors tomber le soleil. Enfin, Wele décrète que le soleil doit percer le jour et que la Lune brillera la nuit.
Une ancienne histoire twa évoque également la responsabilité du dieu suprême Khonvum dans la création et la mise en place de la terre et du ciel, de la forêt et des animaux. La nuit c’est à Khonvum qu’il revient de veiller à ce que le soleil soit de nouveau bien présent le matin. Les conteurs twas racontent qu’il rassemble les fragments brisés des étoiles et les jette sur le soleil pour être sûrs qu’il se lèvera de nouveau.

Dans d’autres histoires, la nuit et la mort sont réunies. Un mythe Massaï parle du personnage ancestral, Le-eyo, qui, le jour de la mort d’un enfant, devait proclamer que cet enfant devait partir puis revenir; c’était également à lui de dire à la Lune de s’éclipser et de rester à distance. Le pauvre Le-eyo, extrêmement perturbé lorsque son fils mourut, dit par erreur à son enfant de partir et de rester à distance, et à la Lune de s’éclipser, puis de revenir. Les Massaïs disent que c’est à cause de cette erreur que la Lune respecte le cycle selon lequel elle ne cesse de se lever, puis de s’éclipser, de briller et de pâlir.


Le Mythe de Mawu et Lisa
L’histoire de Mawu et Lisa (la Lune et son frère jumeau le soleil) est présente chez les Fons qui habitent l’ancien Dahomey (actuel Bénin). Ces deux personnages sont unis en un seul créateur androgyne. Mawu-Lisa, qui surveille plusieurs dieux : celui du temps, celui de la terre, celui du métal et celui des forêts; ils ont par ailleurs une fille, Gbadu. Mawu-Lisa a créé le monde puis a délégué différentes responsabilités à d’autres dieux. Cette histoire de la création est semblable à celles que l’on trouve dans d’autres tradition : elle évoque une déroulement de la création qui évolue sur plusieurs jour pour aboutir, le dernier jour, à la création de l’homme.

L’histoire qui relate leurs combats des Fons, un groupe ethnique de guerriers, est complexe. Certains spécialistes pensent que les Fons se sont peut-être appropriés les dieux de leurs ennemis vaincus, ce qui explique sans doute en partie la composition de leur panthéon de dieux. En temps de guerre, les dieux des vaincus devaient être apaisés, aussi étaient-ils assimiliés au panthéon des Fons. Mawu-Lisa provenait du peuple aja, originaire du Dahomey occidental.

Dans un autre mythe, on raconte que Mawu et Lisa sont les enfants d’une mère primitive, Nana Buluka, créatrice du monde. La nuit et le jour sont séparés; Mawu, la Lune, vit à l’ouest et Lisa, le soleil, à l’est. La distinction entre le masculin et le féminin est également présente, puisque le personnage féminin de la lune s’unit au personnage masculin du soleil lors de l’éclipse. Le soleil est féroce et paternel et la lune est douce et maternelle. Pour les Fons, les éclipses sont le signe de Mawu et Lisa se retrouvent, s’unissent, ce qui dans le passé s’est traduit par la naissance d’une succession de dieux tous jumeaux.

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