jeudi 10 juin 2010
Thaparra; l’homme-lune (Océanie)
(Mythes et Légendes du Monde Entier, Éditions de Lodi)
Les Tiwis vivent sur les îles Melville et Bathurst au nord de Darwin, dans le Terrtoire-du-Nord. Avant l’installation des européens ils étaient très isolés des cultures aborigènes du continent du fait de la largeur du détroit Clarence et de la force de ses vagues qui empêchaient la navigation en canoë. Les Tiwis croient que pendant la période Parlinari de la création, une vieille femme aveugle du nom de Mudunungkarla avait surgît du sol à Murupianga, au sud-est de l’île Melville. Elle avait trois jeunes enfants : deux filles; Wuriupranala et Murupiangkarla, et un garçon, Purrukuparli. Elle se traîna vers le nord, portant ses enfants au sein, et ce faisant, donna à la terre beaucoup de ses formes actuelles avant de séparer les îles du continent. Elle y creusa ensuite de nombreux puits d’eau douce et y laissa plantes et animaux pour permettre à ses enfants de survivre après son départ.
Soucieux de créer des familles, Purrukuparli rendit visite aux différents enfants esprits pour les ramener à la condition humaine. Lui-même vivait sur l’île de Melville à un endroit appelé Impanari avec sa famille; sa femme Prima, son bébé bien-aimé Tijinini et son frère célibataire Thaparra. Comme sa mère, Purrukuparli était un ancêtre créateur majeur. Un jour, Jumuru, L’aigle australien à queue triangulaire, et Mudati, le milan à queue fourchue, firent du feu en frottant deux bâtons l’un contre l’autre. Ils décidèrent de demander à Purrukuparli de l’éteindre, mais ce dernier vit que le feu avait de la valeur car il tenait chaud et cuisait les aliments. Il alluma une grande torche d’écorce qu’il donna à sa sœur, Wuriupranala la femme-soleil, et une plus petite qu’il confia à son frère Thaparra l’homme-lune; la différence de taille des deux troches explique pourquoi la lumière du soleil est encore aujourd’hui plus forte que celle de la Lune. Purrukuparli réalisa ensuite les premiers grands mâts peints pour les Tiwis, créa des chants et des danses, et instaura les cérémonies d’initiation kurmala.
Comme la plupart des familles aborigènes, Purrukuparli et Pima étaient séparés durant la journée. Prima partait chaque matin chercher la nourriture dans le bush, portant bébé Tijinini, tandis que Purrukuparli allait chasser. Elle revenait au campement avec Tijinini et de la nourriture en fin d’après-midi et Thaparra prit l’habitude de la retrouver pendant la journée : ils laissaient Tijinini à l’ombre et partaient plus loin s’aimer. Cette pratique illicite durait depuis quelques temps, lorsque, par une journée particulièrement chaude, Pima tarda à rentrer. Le soleil se déplaça et brûla Tijinini qui en mourut.
Lorsqu’il revint, il trouva son fils mort et sa femme disparue. Purrukuparli fut accablé de douleur et de rage. Et lorsqu’il découvrit ce qui s’était passé, il battit durement Pima avec son gourdin. Pleine de remords, cette dernière chanta une chanson qui disait : ‘’Mauvaise femme que je suis d’avoir causé la mort de mon fils.’’ Purrukuparli refusa à Thaparra les trois jours nécessaires pour ramener Tijinini à la vie et les deux ancêtres se battirent avec des bâtons fourchus, d’un bout à l’autre de l’île Melville. Tous deux furent blessés au visage et au corps. Lorsque le combat fut terminé, Purrukuparli prit le corps de son fils, qui était enveloppé dans de l’écorce de cajeputier, et entra à reculons dans la mer en disant : ‘’ De même que mon fils est mort, et ne reviendra jamais, il en ira pour tout les hommes.’’ La période de la création se terminait. À l’endroit où Purrukuparli se noya, un tourbillon apparut et l’empreinte de ses pieds resta marquée au sol. Avant de mourir il donna à Thaparra un coup de poignard dans l’œil et le tua. Thaparra devint la Lune. Bien que mort, il possède la faculté de revenir à la vie après trois jours de ténèbres, sous la forme d’une nouvelle Lune. Les taches sombres à la surface de la Lune sont les blessures que son frère Purrukuparli lui infligea en se battant avec lui.
Pima resta toute seule dans le bush et fut transformée en courlis de terre. Cet oiseau émet un cri plaintif dont les Tiwis affirment, lorsqu’ils l’entendent la nuit, qu’il s’agit de Pima appelant son fils mort. Le courlis porte une marque sombre sur la tête, là où le gourdin de Purrukuparli frappa violemment Pima.
Les Tiwis ont aussi une chanson qui aurait été chantée par Pima en deuil après que Purrukuparli eut tué son amant Thaparra. Il y a peu, les femmes la chantaient pour inciter leur mari à prendre des mesures lorsque leurs relations illicites commençaient à être connues de toute la communauté.
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