lundi 14 juin 2010

Si : déesse lunaire unisexe (moche)


(Mythes et Légendes du Monde Entier, Éditions de Lodi)

Si, déesse lunaire de la Culture Moche

La culture moche (ou mochica) s’épanouit entre le IIe et le VIIIe siècle (période Intermédiaire précoce) le long du littoral du Pérou septentrional. Artisans de génie, les Mochicas excellaient dans l’art de la céramique comme dans la métallurgie. Ils furent aussi des joailliers et orfèvres de talent, de fabuleux maîtres tisserands et les créateurs d’incomparables fresques et frises.
Cet artisanat trahit leur nature belliqueuse, les guerres étant souvent l’occasion de remédier à la pénurie de victimes sacrificielles destinées à apaiser les dieux. Les Moches subirent inondations et séismes à répétition, signes de mécontentement divin; plus les conditions météorologiques étaient extrêmes, plus se faisait sentir la besoin de sacrifice.

La forme la plus répandue de sacrifie consistait à trancher la gorge du supplicié, puis l’on offrait le cadavre et le sang de la victime aux dieux. Une statue terrifiante montre un personnage d’aspect satanique (dieu ou bourreau) tirant les cheveux d’un homme, prêt à l’égorger. Des sites funéraires ont livrés les squelettes de jeunes filles frappées à la tête à coups de massues et jambes arrachées.
Ai Apac, dieu de la création, l’une des principales divinités du panthéon moche, est le précurseur du dieu Viracocha. Dieu distant et froid du ciel, et des montagnes, Ai Apac est omniprésent dans l’iconographie moche, souvent représenté sous les traits d’un guerrier féroce, les yeux bridés, une bouche aux crocs aiguisés, une ceinture et une coiffe faites de serpents.

Si (la Lune) est également le nom de la déesse unisexe de la Lune, par ailleurs en charge de la fertilité, de la pluie et de la mer. À la différence d’Ai Apac, plutôt solitaire, Si prend une part active à l’existence des mortels. Le Huaca de la Luna (temple de la Lune) fut érigé en son honneur.

La Lune joua un rôle fondamental dans la culture des Mochicas, plus encore que le soleil. L’implacable soleil du désert passait plus pour un ennemi qu’un ami, et la majorité des cérémonies se tenaient à la nuit tombée.

La divinité la plus redoutée, la plus sanguinaire aussi, portait le nom de Dieu décapiteur. Parfois dépeint sous les traits d’une créature mi-homme, mi-araignée, ou mi-homme mi-jaguar, son effigie est omniprésente dans l’artisanat, notamment sur les céramiques et bas-reliefs des lieux rituels. Le Dieu décapiteur, barbu, montre quatre crocs émergant d’une grande bouche difforme et à des yeux perçants.
Malheureusement, aucun mythe ni légende ne semble avoir survécu à cette ère.

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