mardi 13 juillet 2010

Le peuple de la Mer

La mer Égée, autour de laquelle s'est développée la brillante civilisation hellénique, marquée par le règne apollinien de la maison solaire, méfiant à l'égard des rites lunaires venus de Mésopotamie, avait pourtant connu 4000 ou 5000 ans auparavant la domination d'un civilisation matriarcale de l'âge du bonze incarnée pa rle peuple des Pélasges, que les Égyptiens surnommèrent ''Le Peuple de la Mer''.

On sait peu de chose de ce peuple aujourd'hui, de ce peuple aujourd'hui disparu, mais on connaît son mythe de la Création, l'un des plus archaïques qui soient. Dans ce système cosmogonique fortement teinté de matriarcat, la Création est due non à un dieu mâle, mais à une déesse, Eurynomé, qui émergea nue du Chaos primordial, sépara la mer et le ciel et se mit à danser, solitaire, sur les vagues. Fécondée par Borée, le vent du Nord, qui avait pris la forme du serpent Ophion, la déesse pondit l'Oeuf universel d'où sortit toute la Création: le Soleil, la Lune, les planètes, les étoiles et enfin, la Terre avec ses montagnes, ses rivières, ses arbres, ses plantes ainsi que toutes les créatures vivantes. Le premier homme Pélasgos, ''l'Ancien né de la Terre'', vit le jour en même temps que le Soleil, la Terre et les étoiles sur le sol d'Arcadie. Les Pélasges se considéraient ainsi comme le peuple le plus ancien de l'Antiquité. Ils prétendaient même être apparus sur la Terre à une époque où la Lune n'existait pas encore! C'est pourquoi ils se donnaient entre eux, le nom de Prosélène, c'est à dire ''antérieurs à la Lune''.


Le rhéteur Ménandre, se moquait de la prétention des Grecs à se croire aussi vieux que le monde, écrivait au IIème siècle : ''Les Athéniens prétendent être nés en même temps que le Soleil, comme les Arcadiens croient remonter au-delà de la Lune, comme les habitants de Delphes croient qu'ils sont venus au monde immédiatement après le Déluge.''


Les Pélasges devaient être des êtres gigantesques et momnstrueux si l'on en croit la description qu'en font les récits hellénistiques ultérieurs. Parmi eux se trouvaient les belliqueux Centaures de Magnésie, qui honoraient une déesse-mère lunaire qu'ils appellaient Ino ou Plastène, et que les Grecs ont rebaptisée Leucothée, la ''Déesse Blanche''. C'est sans doute 1900 ans avant J.-C. que les Pélasges furent évincés par le peuple des Achéens. Ces derniers adoraient une trinité de dieux mâles d'origine indo-européenne, Mithra, Varuna et Indra, que les Grecs transformèrent en Zeus, Poséidon et Hadès : le dieu du Ciel, le dieu de la Mer et le dieu des Enfers souterrains. Ces croyances patriarcales cherchaient à s'opposer aux principes fondateurs de la civilisation égéenne des Pélasges, pour laquelle al Création était dominée par une Grande Déesse mère des dieux mâles. Mais comme nous allons le voir, la déesse Lune n'avait pas dit son dernier mot...


La Lune; Mystères et Sortilèges, Édouard Brasey, Éditions du Chêne

2 commentaires:

  1. C'est vraiment enrichissant,j'avais entendu parler des Pélasges mais je m'y étais pas attardée.Merci de partager.

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  2. Oui les Pélasges sont fascinants... Cela me fait plaisir de partager... :D

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